Ophrys fuciflora (F.W. Schmidt) Moench subsp. souchei R. Martin et E. Véla subsp. nova, un nom pour l’Ophrys « fuciflora tardif du Vaucluse »

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David Lafarge
Fig. 6– « Ophrys tardif du Roubion ». La Taupie (Drôme, France). 11 juillet 2007 (Photo R. MARTIN).

Cet article a été publié pour la première fois dans L'Orchidophile n° 192 (septembre 2012).

Martin R. & Véla E., 2011.- Ophrys fuciflora (F.W. Schmidt) Moench subsp. souchei R. Martin et E. Véla subsp. nova, a name for the Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse ». 

Résumé.- En 1994, l’un des auteurs découvrait en Vaucluse, un taxon ripicole à floraison estivale de « l’agrégat Ophrys fuciflora ». Après plusieurs propositions de rattachement taxonomique qui se sont toutes avérées insatisfaisantes, le taxon a été correctement individualisé par Rémy Souche sous le nom informel de Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse » en 2004. La présente description vise à lui donner un nom valide en justifiant sa distinction de tous les taxons formellement décrits à ce jour.

Mots clés.- Orchidaceae ; Ophrys ; Ophrys section Fuciflorae ; Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse » ; « Ophrys du Roubion » ; Ophrys elatior ; Ophrys truncata ; flore de France ; flore de Provence.

Abstract.- In 1994, a late-flowering ripicolous taxon belonging to the « Ophrys fuciflora aggregate" was discovered by one of the authors in the département Vaucluse (south-eastern France). After several unsatisfactory taxonomical proposals, this taxon was correctly singled out by Rémy Souche in 2004 under the informal name of Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse » (« Late-flowering Ophrys fuciflora from Vaucluse »). The current description aims at giving it a valid name after justifying its originality from all other taxa formally described.

Key words.- Orchidaceae; Ophrys; Ophrys section Fuciflorae; Ophrys « fuciflora tardif du Vaucluse »; « Ophrys du Roubion »; Ophrys elatior; Ophrys truncata; flora of France; flora of Provence.

Présentation de la problématique taxinomique

Pendant plus de deux siècles, la section Fuciflorae Rchb. du genre Ophrys L. était traité en France de manière simplifiée, en considérant généralement deux taxons dont la variabilité réciproque était sujette à toutes les controverses. Chacun désignait en réalité deux formes extrêmes d’un vaste ensemble complexe composé de nombreuses entités locales (écotypes) pouvant être reliées par des formes intermédiaires, y compris dans la même population : Ophrys scolopax Cav., décrit d’Espagne (Albaida, Valencia) servait à désigner les formes méridionales à labelle fortement trilobé-convexe et à pétales élancés et Ophrys fuciflora (F.W. Schmidt) Moench, décrit de Suisse (Berne), servait à désigner les formes médio-européennes à labelle entier faiblement convexe et à pétales brièvement triangulaires. En Péninsule Ibérique et au Maghreb, les plantes de la mouvance d'O. scolopax croissent dans un contexte biogéographique où elles sont isolées des influences des plantes médio-européennes de la mouvance d'O. fuciflora, et réciproquement. De ce fait, dans beaucoup de Flores méditerranéennes (cf. Maire, 1960, Aedo & Herrero, 2005, etc.) ou au contraires médio-européennes (cf. Lauber & Wagner, 2000, Rothmaler et al., 2000, Harrap & Harrap, 2005, etc.) une seule espèce est présentée sans que cela ne pose de problèmes de délimitation. Tout au plus y a-t-on reconnu des variations infra-spécifiques pour désigner divers écotypes à phénologie et/ou morphométrie déviantes par rapport au type tels, par exemple, les Ophrys scolopax subsp. apiformis (Desf.) Maire & Weiller (= O. picta Link ; = O. sphegifera Willd.) et Ophrys fuciflora subsp. elatior (H.F. Paulus) Engel & Quentin [= Ophrys holoserica (N.L. Burman) Greuter subsp. elatior (H.F. Paulus) H. Baumann & Künkele]. En France, la situation est beaucoup plus complexe et les points de vues taxonomiques retenus dans les Flores, y compris anciennes, sont fluctuants et paraissent alors des plus confus. Pendant longtemps, ces variations étaient décrites au rang de forme ou de variété, essentiellement combinés sous O. fuciflora ou ses synonymes les plus usuels [O. arachnites (Scop.) Reichard et O. holoserica]. D’aucuns ont même proposé de réunir les deux taxons pourtant extrêmes, O. fuciflora (ou son synonyme O. holoserica) et O. scolopax en deux entités subspécifiques d’une même espèce (cf. Sundermann, 1975 et 1980) ou bien de rassembler toutes les variations infraspécifiques allant de scolopax à fuciflora dans une même sous-espèce d’un très vaste O. insectifera L. dans un sens quasi-linnéen : O. insectifera subsp. arachnites (Scop.) Moggr. & Rchb. f. (Moggridge, 1869). Cette situation, qui n’est pas unique (cf. aussi celle existant chez les taxons des Balkans et de la Méditerranée orientale), est le résultat d’une rencontre biogéographique entre deux ensembles distincts mais dont les barrières de reproduction ne sont visiblement pas toujours efficace, comme c’est d’ailleurs le cas de la majorité des Ophrys en situation de sympatrie voire de parapatrie. À partir des années 1990, en France et ailleurs en Europe méditerranéenne, la variabilité phénotypique, phénologique et écologique de divers ensembles de populations appartenant à la section Fuciflorae fut reconnue à un rang formel élevé, ce qui a conduit à la description de nombreuses espèces ou sous-espèces, ainsi que le rétablissement progressif et parfois à la hâte de la plupart des taxons anciens décrits au 19e siècle. Parmi les descriptions récentes en France, on citera, dans l’ordre chronologique :


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