Merci Monsieur ! Merci Madame ! Trois fois, car il y a trois classes, les élèves ont scandé en chœur ces mots quand nous avons visité la nouvelle école de Iaroka, fruit de la collaboration entre Photosol, la FFO, Impact Madagascar et l’association locale des villageois V.O.I. Iaroka. Rappelons que la convention de mécénat entre Photosol et la FFO a été signée en juillet 2024.
Dans l'école de Iaroka
Trois institutrices fraîchement recrutées sont à l’œuvre depuis début novembre 2024 pour accueillir 76 élèves de six à douze ans, qui ne sont jamais allés à l’école. Ils viennent des villages proches de la forêt, dont celui où est située l’école, Antavolobe (littéralement : « le lieu où il y a beaucoup d’ignames sauvages »).
Patrouilleurs de retour d'une action contre un départ de feu
Les huit patrouilleurs ou polisin’ala (police de la forêt) sont opérationnels depuis plusieurs mois et surveillent les 3300 ha de forêt primaire, une forêt domaniale. Ils sont menés par notre ami Abraham, chef de quartier et autorité du village (tangalamena), voire un peu guérisseur. Les polisin’ala opèrent parfois en lien avec la gendarmerie, ils ont déjà surpris des pilleurs de bois ou des défricheurs. Ils reçoivent des menaces car tout le monde n’est pas d’accord pour conserver la forêt. Certains en feraient bien du charbon de bois ou de la culture sur brûlis, qui rend la terre stérile en deux ou trois ans, ce qui oblige à détruire toujours plus. Voilà pourquoi 200000 à 300000 ha de forêt primaire partent en fumée chaque année dans l’île, alors qu’il reste moins de 5% de la surface initiale. Pire : le rythme de destruction s’accélère ! Certaines collines aux abords de la forêt serrent le cœur.
Exemple de culture sur brûlis (tavy) sur des pentes trop fortes pour la stabilité du terrain en l'absence d'arbres
Nos visites dans la forêt de Iaroka ont montré une fois de plus son extraordinaire richesse. Accompagnés par le chant sonore, lancinant et plaintif des indris (Indri indri) nous avons vu encore de nouvelles orchidées, dont le rare et splendide Cryptopus paniculatus, aux fleurs si complexes, ainsi que des caméléons, des traces de présence du aye-aye (Daubentonia madagascariensis), des oiseaux, tandis que notre amie Catherine Reeb s’émerveillait de la grande diversité des mousses, sa spécialité.
Cryptopus paniculatus
Calumma gastrotaenia
Le jeudi 5 décembre 2024, l’inauguration de l’école a été un grand moment d’émotion, avec un accueil enthousiaste des enfants, un parterre fourni d’officiels, des danses et six discours dont le nôtre qui a été retransmis à la télévision nationale TVM et sur la chaîne Viva. Trois cents invités se sont partagé plus de cent kilos de riz et l’inévitable zébu sans lequel il n’est pas de cérémonie officielle à Madagascar. La fête s’est prolongée, avec une sonorisation généreuse, par des danses, tard dans la nuit.
Corinne Leong (à gauche) et Chantal Hervouet (à droite)
La nouvelle présidente de l’association locale V.O.I. Iaroka, Corinne Leong, nous a accompagnés dans nos explorations et a repéré d’un œil exercé phasmes, grenouilles et chenilles. Elle a fort à faire et se débat avec courage contre mille difficultés, nous lui adressons nos encouragements.
Cinq mois après la signature de la convention entre la FFO et Photosol, le projet Iaroka est donc déjà bien lancé, grâce aux efforts conjugués de tous nos partenaires, dont Impact Madagascar qui a réussi à faire ouvrir l’école à temps pour l’année scolaire.
Le principal challenge sera maintenant de tenir dans la durée. Espérons que les jeunes élèves d’aujourd’hui, sensibilisés à la protection de l’environnement, seront les protecteurs de demain. Les enfants et la forêt sont l’avenir et les deux trésors de Iaroka.
Reportage sur TVM (en Malgache) :
Reportage de la chaîne Viva (en malgache) :
Lever des couleurs et hymne national malgache :
