L’arrosage facile des orchidées

L’arrosage est souvent le point de culture qui pose le plus de problème pour les débutants. Dans cet article, les principaux problèmes rencontrés sont abordés et des solutions simples et faciles à mettre en œuvre sont proposées. De cette façon, chaque personne recevant un jour une orchidée devrait pouvoir la faire refleurir régulièrement. Cet article s’adresse également aux cultivateurs plus avancés qui ne savent pas toujours comment répondre aux débutants qui les questionnent.
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David Lafarge
Arrosage facile

« À quelle fréquence dois-je arroser mes orchidées ? » est certainement la question que tout amateur un peu confirmé s’entend poser à plusieurs reprises par des amis, des visiteurs lors d’une exposition ou sur n’importe quel forum en ligne !

La question a beau être simplement énoncée, je connais plus d’un cultivateur pourtant bien renseigné qui aurait toutes les peines du monde à formuler une réponse claire et concise. En effet, la fréquence des arrosages dépend d’une multitude de facteurs et, comme la médecine, l’entretien des orchidées s’apparente plus à un art qu’à une science exacte. Qui plus est, les orchidées tropicales sont cultivées dans des substrats bien éloignés des terreaux classiques que les jardiniers sont habitués à utiliser et pour lesquels ils sont capables de détecter les signes de sécheresse ou de trop plein d’eau.

La majorité des amateurs cultivent encore aujourd’hui dans des substrats à base d’écorces de résineux (pin maritime en général). Dans ce cas, la différence entre les états sec et mouillé n’est pas très marquée visuellement et toucher la surface du pot ne donne souvent aucun indice supplémentaire. Cependant, apprendre à détecter ces signes pour adapter la fréquence des arrosages  est la première nécessité pour réussir la culture des orchidées, ou tout simplement pour les maintenir en vie.

Les besoins en eau dépendant d’une grande variété de facteurs : température, humidité, type de substrat, taille de la plante, stade de croissance, ensoleillement, ventilation, taille et type de pot. À la lecture de la liste de ces facteurs, il est clair qu’ils vont fluctuer d’une semaine à l’autre au cours de l’année en fonction de la météo ou des phases de croissance des plantes.

Être attentif aux plantes

Il est primordial de connaître quelques informations basiques sur le milieu d’origine et l’écologie des plantes que l’on souhaite cultiver à la maison ou dans la serre. Par exemple, de nombreuses espèces des genres Dendrobium, Catasetum ou Habenaria ont besoin d’une période de repos marquée pour fleurir correctement, ou même pour survivre et pousser normalement. Cette période de repos est généralement moins essentielle pour les hybrides mais, malgré tout, elle reste l’un des paramètres importants pour obtenir des plantes robustes qui fleurissent abondamment.

D’autres plantes, qui poussent dans les forêts tropicales humides, reçoivent, chaque jour ou presque, des précipitations abondantes. Ces pluies fortes durent de trente minutes à une heure, c’est-à-dire environ cent fois plus longtemps que la durée moyenne d’un arrosage chez l’amateur moyen ! Quelques secondes permettent tout juste à l’eau de ruisseler à travers le substrat, sans laisser aux racines le temps d’absorber l’eau et les ions en quantité suffisante pour assurer le développement harmonieux de la plante.

Il faut toujours avoir en tête que les orchidées que nous cultivons sont presque toutes épiphytes, c’est-à-dire qu’elles se développent sur les troncs ou les branches des arbres. Elles absorbent l’eau qui ruisselle lors des pluies tropicales grâce à des tissus spécialisés, mais il leur faut tout de même un minimum de temps. Elles bénéficient, en plus des précipitations, de l’eau qui s’écoule de la canopée ou qui provient des brouillards, fréquents dans les forêts tropicales d’altitude (« cloud forest »). Pour permettre aux racines d’absorber la quantité d’eau nécessaire, l’idéal est de faire tremper les pots dans la solution d’arrosage pendant 10 à 15 minutes. Si cela est facile avec quelques plantes, et même idéal pour les plantes montées sur plaque, il est évident qu’avec plusieurs centaines de spécimens, il en va autrement ! Dans ce cas, fractionner l’arrosage en deux ou trois fois, éloignées de seulement quelques minutes, permet aux racines d’absorber beaucoup plus d’eau, à quantité égale de solution d’arrosage consommée.

Je l’ai dit en introduction de cet article, peu de signes visuels existent pour décider du bon moment pour arroser. Une solution consiste à soulever le pot avant l’arrosage puis, quelques minutes plus tard, et à recommencer l’opération les jours suivants. Chaque jour, le pot sera un peu plus léger et on pourra définir le bon moment pour apporter à nouveau de l’eau. Avec un peu de pratique, c’est une des solutions les plus efficaces pour ajuster la fréquence d’arrosage.

Substrat

Commençons par une évidence : plus le substrat retient l’eau, moins les arrosages devront être fréquents. Par exemple, un compost à base d’écorces ne retient quasiment pas d’eau lorsqu’il est frais, mais fini par fixer de grandes quantités de liquide en se dégradant.

Il semble important d’évoquer ici les risques liés à la présence de sphagnum dans le substrat. Sa décomposition très rapide (environ six mois pour une qualité standard) et le substrat se met alors à retenir beaucoup d’eau, limitant la quantité d’oxygène disponible autour des racines, ce qui conduit progressivement à leur asphyxie. D’un autre côté, la même sphaigne fraîche utilisée dans des pots en terre cuite se dessèche très rapidement et les plantes peuvent vite se déshydrater.

Petit pot en terre cuite de 3 cm de diamètre, contenant de la sphaigne pure. Dans ces conditions, le substrat sèche très vite, ce qui peut être un atout pour la culture de certaines espèces comme ce Dendrobium moniliforme, qui a besoin de sécher rapidement entre deux arrosages et dont les racines doivent rester toujours bien aérées.
Encore une fois, un pot en terre cuite avec de la sphaigne pure. Ici, le pot est plus large (6,5 cm de diamètre) et, surtout, il est émaillé, ce qui limite très fortement l’évaporation par le pot. Ce pot a été arrosé le même jour que celui de la figure 1, mais entre l’émail et une taille supérieure, la sphaigne reste humide plus longtemps.

Type de pot

La matière qui constitue le pot joue également un rôle important pour le rythme des arrosages. Les pots en plastique limitent l’évaporation, alors que les pots en terre cuite sont poreux et favorise une forte évaporation à travers leur surface. Les paniers ajourés, eux, sèchent encore plus vite, sans parler des plantes montées sur plaques, racines nues, qui sont les plantes qui sèchent le plus rapidement dans les collections.

Ce Vanda falcata est cultivé dans la sphaigne pure dans un petit pot (4 cm de diamètre) en plastique transparent. Ce type de pot permet d’observer le substrat sous la surface. Ici, sur le dessus du pot, la sphaigne semble bien sèche mais, à l’intérieur du pot, on remarque qu’elle est encore humide et que de la condensation se forme sur les parois.
La surface du substrat de ce Vandopsis parishii, composé d’écorces de calibre moyen (2-3 cm) paraît sèche,
Grâce au pot transparent, on peut savoir qu’il est possible de repousser l’arrosage d’une journée supplémentaire.

Taille du pot

Concernant la taille du pot, il existe une simple affirmation : plus le pot est petit, plus il sèche vite et plus il faut arroser. Les pots de jeunes semis sèchent très vite et doivent être arrosés souvent, alors que les pots de plantes matures (12 cm de diamètre et plus) peuvent poser des problèmes d’excès d’arrosage. C’est cette raison qui explique le risque de ‘sur-empotage ‘ des plantes. En effet, une plante cultivée dans un pot trop grand n’aura pas suffisamment de racines pour absorber toute l’eau présente dans le pot et risquera de pourrir. D’un autre côté, les plantes un peu trop grandes pour leur pot devront être arrosées plus souvent, occasionnant plus de travail pour le cultivateur. Les grosses plantes tireront un bénéfice d’être légèrement sous- empotées, pour limiter les risques de pourrissement des racines du centre du pot.

Les racines de ce Phalaenopsis schilleriana sont épaisses et la plante est déjà bien installée (feuilles de 45 cm de long). Le pot mesure 15 cm de diamètre et les écorces qu’il contient sont de calibre supérieur (4-5 cm), ce qui permet d’assurer une bonne circulation de l’air autour des racines.

Luminosité

Plus la lumière est vive, plus le substrat séchera vite. C’est vrai parce que la lumière provoque une élévation de température qui augmente l’évaporation, mais aussi parce qu’une luminosité accrue augmente l’activité photosynthétique des plantes et accroît la quantité d’eau absorbée par les plantes. Par opposition, les plantes cultivées dans des conditions sombres (ou fraîches) auront un métabolisme ralenti et demanderont moins d’eau. C'est souvent la luminosité qui pose problème lorsque les feuilles de vos plantes jaunissent.

Température

Sans surprise, plus il fera chaud, plus l’évaporation et le métabolisme des plantes seront élevés, et plus les arrosages devront être rapprochés. La température peut être déconnectée de la lumière dans le cas où les plantes sont cultivées à proximité d’une source de chaleur. Avec des températures plus fraiches, les arrosages pourront être espacés, mais les risques d’attaques bactériennes et fongiques seront plus élevés.

Humidité

Lorsque l’humidité ambiante est élevée, l’évapotranspiration des plantes est limitée et les plantes perdent peau d’eau par cette voie, et l’eau s’évapore moins vite du pot. Avec une atmosphère asséchée par le soleil ou un radiateur, les plantes perdent rapidement leur eau et auront besoin d’arrosages plus réguliers pour compenser ces pertes fortes par transpiration et évaporation.

Ventilation

Une fois de plus, une ventilation important augmentera l’évaporation. Une bonne ventilation assurera le séchage rapide du feuillage, limitant ainsi les attaques fongiques, mais demandera aussi des arrosages plus fréquents. Si la ventilation est artificielle, les plantes qui sont directement sous le flux d’air sécheront plus vite que les autres.

Trucs et astuces

En regroupant les plantes qui sont arrosées en même temps, les arrosages seront facilités, puisque des pans entiers de la collection pourront être arrosés en même temps, plutôt que d’arroser les plantes une par une en fonction de leurs besoins individuels.

Si on arrose au jet (avec utilisation d’un atténuateur de pression qui créera une sorte d’averse artificielle), le plus tôt dans la journée sera le mieux pour que les feuilles soient sèches avant la nuit.

L’arrosage ‘à la main’ peut avoir lieu à n’importe quel moment de la journée, du moment que les feuilles ne sont pas mouillées. Cependant, par précaution, un arrosage le matin sera préférable.

L’utilisation d’eau en bouteille faiblement minéralisée, d’eau de pluie, ou encore d’eau déminéralisée reconstituée avec de l’engrais est préférable à l’utilisation de l’eau du robinet, sauf si cette dernière est particulièrement pure, avec peu de calcaire et peu de chlore.

L’eau devrait toujours être à température ambiante, ce qui évitera les chocs au niveau des cellules des racines ou sur les feuilles (ce qui occasionne des points d’infection et des taches sur les feuilles.

Avant d’utiliser des pots en terre cuite, il ne faut pas oublier de saturer le pot avec de l’eau très pure, pour saturer la terre cuite et éviter l’assèchement trop rapide du compost.

Un double arrosage (en réalité, deux demis arrosages), permettra, comme on l’a dit, au substrat d’absorber plus efficacement l’eau d’arrosage. C’est également une solution très efficace pour les plantes cultivées sur plaque.

Dans le cas où une orchidée aurait été oubliée trop longtemps sans arrosages et que les feuilles, ou les pseudobulbes sont ridés ou desséchés, il faudra tremper le pot pendant 10 à 30 minutes dans de l’eau tiède, additionnée d’un peu d’engrais, pour lui donner le temps d’absorber toute l’eau nécessaire pour se remettre en état. De la même façon, les collectionneurs qui reçoivent des plantes expédiées racines nues qui ont voyagé trop longtemps et sont déshydratées à leur arrivée, bénéficieront du même traitement, auquel on pourra ajouter une cuillère à café de miel et d’un traitement total antifongique. Les plantes seront alors trempées entièrement dans l’eau le temps nécessaire à leur réhydratation (on peut laisser les plantes tremper jusqu’à 24 h).

Quand vous avez un nombre limité de plantes à arroser, vous pouvez les laisser tremper le pot dans de l’eau (avec ou sans engrais) pendant une quinzaine de minutes, le temps que les racines et les écorces soient bien imbibées d’eau et de sels minéraux.
Arroser plus souvent Arroser moins souvent
Petits pots (< 8 cm) Grands pots (> 10 cm)
Pots en terre cuite Pots en plastique
Substrat récent Substrat décomposé
Sphaigne fraîche Sphaigne de plus de six mois
Atmosphère sèche (hygrométrie < 50%) Atmosphère humide (hygrométrie > 75%)
Lieu lumineux, ensoleillement important Lieu ombragé, sans soleil
Température élevées Températures fraîches
Proximité d’un radiateur ou d’un ventilateur Faible ventilation
Orchidées sans pseudobulbes Plantes en période de repos
Jeunes semis Grandes plantes bien établies
Plantes cultivées en panier ou racines nues Petites plantes cultivées dans de grands pots
Peser votre plante juste avant un arrosage et notez le poids total.
Renouvelez l’opération après l’arrosage et notez la différence de masse. Pour savoir quand vous devrez arroser à nouveau, pesez régulièrement la plante, vous saurez quand le moment approche.

En conclusion, l’arrosage des orchidées n’est pas plus compliqué que pour n’importe quelle plante d’intérieur. Cependant, il est nécessaire de retrouver des repères, principalement en raison de l’utilisation de substrats atypiques pour le jardinier amateur classique. Avec un peu de pratiques et en suivant quelques conseils de bon sens, vos orchidées vous gratifieront de superbes floraisons régulières ! Vous trouverez également d'autres conseils avec cette vidéo sur l'arrosage.

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